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Pour tenter de comprendre ce qui se passe en Ukraine – 16: l’URSS de Léonid Brejnev – 2

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(suite de l’article du 30 mars 2014 : Pour tenter de comprendre ce qui se passe en Ukraine – 15: l’URSS de Léonid Brejnev – 1)

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BrejnevLéonid

Après avoir tendu un piège à Khrouchtchev en octobre 1964, Léonid Ilitch Brejnev devient l’homme fort de l’URSS. Et cet Ukrainien sera le Secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviético-bolchévique jusqu’en 1982. Ce qui me fait penser que je ne vais pas m’emmerder!

Il sera aussi président du Praesidium du Soviet suprême de 1960 à 1964 et de 1977 à 1982, année où il casse sa pipe! À savoir qu’être président du Preasidium du Soviet suprême n’est qu’un titre honorifique qui permet de mettre des pin’s de plus sur le plastron lors des grandes représentations ou autres festivités lors desquelles on s’affiche. Et comme on a vu dans l’épisode précédent, Léonid devra partager son pouvoir avec ses acolytes, à savoir:

Léonid Brejnev: on vient de le voir,

Kossyguine: président du conseil des ministres,

Podgorni: président du Soviet suprême en 1965, titre honorifique.

Quant à Chélépine, il rejoint les pives!

Si on pense qu’avec Brejnev, l’URSS va se la couler douce car Khrouchtchev avait bien ouvert le passage pour des négociations en toute amitié quoique mal comprises par le monde occidental, on se plante le doigt dans l’oeil. Et pourtant…pourtant, Léonid avait soutenu Nikita dans son programme de déstalinisation du pays, de réhabilitation de celles et ceux qui ont goûté aux Grandes Purges ainsi qu’une certaine libéralisation de la vie politique et intellectuelle soviétique. Mais une fois Khrouchtchev mis à la retraite anticipée, Brejnev interrompt le processus.

Et malgré la signature entre les deux super-puissances USA – URSS contre la course aux armes nucléaires, Brejnev supporte mal que les USA aient militairement une sacrée longueur d’avance. Il relance alors la folle course aux armements pour au moins avoir une parité des forces et pour cela, il va aussi créer une marine. Dans sa lancée, Léonid décrète aussi une souveraineté limitée aux pays satellites de l’Union soviétique, ce qui va préserver l’attachement des pays du Bloc de l’Est à la grande URSS et éviter ainsi que certains rigolos au pouvoir de ces différents États aient des idées saugrenues comme libérales ou anti-communistes.

Pire! Il commence à faire l’éloge de Staline et ce, lors d’un discours en mai 1965 pendant la commémoration du vingtième anniversaire de la défaite de l’Allemagne.

En avril 1966, il devient officiellement le Secrétaire général du PCUS et prend de plus en plus de pouvoir. C’est lors d’un procès de deux dissidents revenus du goulag que les Soviets (Bolchéviques) se rendent compte qu’ils rentrent à nouveau dans une période noire de leur histoire. Iouri Vladimirovitch Andropov est à la tête du KGB et réformera cette institution en profondeur.

Et kèske le KGB?!

KGBBondovitch 007

Le KGB, ou Komitet gossoudarstvennoï bezopasnosti comme ça se prononce, est le principal service de renseignement de l’URSS d’après Staline. Il s’occupe de la sécurité de l’URSS, de la police secrète et des services de renseignement. C’est «l’épée et le bouclier» de la Révolution bolchévique et pendant la Guerre froide, il était important de ne pas rigoler avec cette institution. D’ailleurs, les hommes et femmes du KGB cherchaient à contrôler, intimider voire liquider les dissidents politiques comme Alexandre Soljenitsyne ou Andreï Sakharov. Mais le KGB, c’est surtout l’espionnage et en cela, il fut aidé par des taupes de l’Ouest. C’est aussi le renseignement extérieur, le contre-espionnage, le contre-espionnage militaire, le contre-espionnage économique et industriel, les garde-frontières, le cryptage, la chasse aux dissidents, la surveillance des groupes religieux, la protection des hauts dignitaires du Parti communiste, le contrôle des sites et des armes nucléaires, du renseignement électronique et enfin, la construction des sites militaires stratégiques. Ainsi, on doit au KGB la mort de milliers de personnes au sein même de l’URSS, toutes considérées comme «ennemis du peuple».

À part le KGB, on peut aussi rajouter pour les puristes, qu’en 1966, à l’occasion d’un dégel économique avec l’Europe de l’Ouest, le conglomérat automobile italien Fiat combina sa bagnole Fiat 124 avec une bagnole soviétique qui verra la naissance de la célébrissime Lada, dont on se demande ce qu’elle vient foutre dans cet article. Une industrie qui ira bon train! Et tout va bien dans le meilleur des mondes!

Or v’là-t-il pas qu’en 1968, un certain Alexandre Dubcek, Premier secrétaire du Parti communiste tchécoslovaque et principal dirigeant de la République socialiste tchécoslovaque, se met dans l’idée de libéraliser le système politique et économique de son pays sous la banderole: «un socialisme à visage humain», plus connu sous le nom de: Printemps de Prague. Comme quoi, toutes les révolutions s’appellent Printemps, que ça ne date pas de la Tunisie de 2010-2011. Petite anecdote lancée au hasard pour les djeunzs qui sont de fervents lecteurs-trices des AZA/NI. D’ailleurs, le Printemps de Prague est nommée ainsi en référence au «Printemps des peuples» ou au «Printemps des révolutions» qui fleurissent de partout en Europe et ce, en 1848. Comme quoi, on a pas inventé la roue!

DubcekEt viva Alexandre!

Dès janvier 1968 donc, Alexandre Dubcek lance un programme d’assouplissement du régime qui se traduit par l’affirmation des libertés et des droits fondamentaux que sont la presse, l’expression, les réunions et la circulation des personnes. Il envisage une sorte de démocratisation de la politique en favorisant le multipartisme et arriver ainsi à une sorte de fédéralisme. Il limite le pouvoir de la police d’Etat et prévoit de maintenir de bonnes relations avec ses voisins du Bloc soviético-bolchévique ainsi qu’avec certains pays du Bloc occidental. Sa réforme prévoit aussi d’adapter le salaire par rapport aux qualifications des divers travailleurs. Et c’est dans cet objectif que Dubcek annonce une convocation générale pour septembre 1968 afin d’instaurer une loi fédérale et une mise en place des nouvelles conditions imaginées par ce farfelu de réformateur qu’est cet Alexandre Dubcek qui reconnaît que la Tchéquie et la Slovaquie formeront une République fédérale.

Seulement tout cela arrive dans les oreilles de Brejnev qui se met en pétard et envoie les tanks et les soldats du Pacte de Varsovie (équivalent de l’OTAN pour celles et ceux qui ont déjà oublié) pour restaurer la «Normalisation en Tchécoslovaquie» plus vulgairement appelée le retour à la normale, soit la norme communiste. Cela s’accompagnera de purges dont les cadres du Parti et Alexandre Dubcek, comme on s’en doute, en fera partie accompagné en cela par 320’000 membres qui seront rayés des rangs, alors que 30’000 travailleurs seront «repositionnés». Commencera alors les «années de plomb» avec censure, répression policière, atmosphère de crainte, de soumission et tout le toutim. La Normalisation est l’instauration du «marxisme-léninisme» pur et dur.

Brejnev foutra la paix à la Roumanie de Ceausescu qui pratique le culte de la personnalité, ce qui lui vaudra les surnoms du «Génie des Carpates» ou du «Danube de la pensée». Il faut reconnaître que ce Génie des Carpates est le seul à refuser de rompre ses relations diplomatiques avec Israël après la Guerre de Six jours, mais pas que! Bien que son pays fasse partie du Pacte de Varsovie, il refuse d’envoyer ses tanks et ses troupes en Tchécoslovaquie et va jusqu’à condamner l’invasion de cette dernière en la qualifiant de «grave erreur».

Léonid s’en tape de l’opinion de Ceausescu comme il en rien a battre de la République populaire d’Albanie de Henver Hoxha, pays communiste le plus sévère et le plus isolé des États du monde.

Ce Printemps de Prague et ses conséquences n’ont pas eu d’incidence sur les accords entre la Yougoslavie de Tito et l’URSS, comme le monde occidental le craignait.

Par contre, les relations entre la République populaire de Chine de Mao Zedong et l’URSS se dégradèrent au point tel qu’en 1969, les deux belligérants se foutent sur la gueule à propos d’un tracé de frontières qui ne bougera pas, mais aura quand même eu le mérite d’occasionner des morts. Un incident qui restera longtemps secret puisque les deux blocs communistes étaient au bord de la guerre nucléaire. Une escarmouche qui a bien failli déclencher la 3ème Guerre mondiale, d’où le silence qui a entouré cet événement.

DamanskiyPetite île flottante qui a failli déclencher un grand Boum!

Qui a commencé?

Ben, ce sont les Chinois qui, le 2 mars 1969, décidèrent de tendre une embuscade à des gardes-frontières soviético-bolchéviques sur l’Île Zhenbao («Île au trésor» en chinois) ou Île Damanski en russe. Il y eut 31 morts et 14 blessés du côtés des Soviético-bolchéviques et le 15 mars, l’Armée rouge riposte en bombardant l’Armée populaire de libération. L’usage de la bombe atomique est alors envisagé par les deux protagonistes, mais le conflit prendra terme le 11 septembre 1969 et on doit cette fière chandelle à Nixon et son conseiller d’alors, Henry Kissinger. L’Île Zhenbao restera l’Île de Damanski pendant un long moment. Bigre, on a eu chaud!

En 1970, Brejnev assoit son autorité totale et totalitaire au sein des dirigeants de l’URSS.

C’est aussi en 1970 qu’un certain Mikhaïl Sergeievitch Voslenski, qui n’est pas un rigolo de passage, mais un diplomate Ukrainien russe qui eut été interprète pour l’URSS lors du Procès de Nuremberg, décrit pour la première fois ce qu’est «la nomenklatura» avant de passer à l’Ouest lors d’un voyage en Allemagne. «La nomenklatura» nomme ainsi les privilégiés de l’URSS et son bouquin fut un tel succès qu’il fut traduit en 14 langues. Mais Voslenski s’est inspiré du serbe Milovan Djilas qui a écrit «La nouvelle classe: une analyse du système communiste» et qui décrit très bien cette nouvelle classe qui est aux commandes d’un régime totalitaire basé sur l’arbitraire et la terreur…ce qui lui a valu plusieurs années de prison en Yougoslavie. Bref, on l’aura compris, la nomenklatura est un petit cercle de privilégiés qui se la pètent belle tout en étant aux commandes d’un pays communiste comme l’URSS et ses pays satellites. C’est de la petite bourgeoisie étatique dont les camarades du Parti dignes de confiance bénéficient. On y trouve de tout; des permanents des partis politiques au pouvoir, des fonctionnaires de tous poils, des officiers de l’armée, des membres de la police politique, des opportunistes, des carriéristes, bref, toute une belle clique de cleptocrates qui profitent gaiement des avantages de la société communiste.

Fin de ce seizième épisode, 2 ème partie fort hallucinante!

(adjectif très à la mode, ces temps!)

bouhhh

Article facile à retrouver sur les AZATHEMES, chapitre L’UKRAINE 

 



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